« Dites, j’ai comme un doute là tout d’un coup… Vous êtes catégoriquement sûr que vous voulez aller au charbon ? Non parce que c’est sûr, ça à l’air plus facile de leur mettre un coup de baston dans la nuque que de s’occuper de mes 7 gamins à la ferme là, mais quand même hein ! Après c’est comme vous voulez, c’est comme vous voulez… Je dis juste je suis pas certain d’avoir assez de jaja aux herbes pour soigner toutes les plaies après voyez ? Et mon jambon sec là, bien sec même ben ça m’embête un peu de taper des orcs avec voilà tout… Il pourrait être moins bon après, déjà qu’en général c’est pas glorieux… »
Ghetno avait beau dérouler son plus beau plaidoyer, cela ne semblait pas toucher les deux aventuriers qui se tenaient face à lui. Alors que l’artificier nain Dagnai le regardait d’un air dépité, le chasseur de vampires Jelsen, appuyé sur son arquebuse, se pinçait l’arête du nez en soupirant.
« On y va quand même ? Bon, bon ! Mais je reste caché moi, hein ? C’est comme ça qu’on fait ? Non ?
— J’vous trouve pas très impliqué dans cette affaire, intervint Dagnai. Nos amis se sont fais capturés en sauvant votre femme, et vous renâclez à leur venir en aide.
— Ah ah mais je ne renâcle en rien mon bon monsieur ! Je voudrais juste être sûr qu’on soit bons côté organisation et que…
— Avançons, coupa Sven le bûcheron. Il y a une clairière plus loin, je ne serais pas étonné que nos orcs y aient dressé leur camp. »
Jelsen regarda le bûcheron, sans mot dire. Bien qu’ami avec Ghetno, il en était l’exact opposé. Grand, fort, taciturne et efficace là où le moustachu rondouillard se montrait aussi pleutre que bavard. Jetant son arquebuse sur son épaule, le chasseur de vampire donna finalement raison au bûcheron : « Il a raison, avançons. En plus le temps semble se couvrir, ajouta-t-il en jetant un œil vers les cimes. Cette forêt est assez lugubre pour qu’on se passe de la pluie. »
La petit troupe avança à travers bois, guidée par un Sven totalement dans son élément, semblant connaître la forêt mieux que personne, la marche fermée par un Ghetno anxieux qui ne cessait de maugréer dans son épaisse moustache en jeter de frénétiques coups d’œil par-dessus son épaule.
Les deux villageois avaient pris part à l’expédition sous les menaces à peine déguisées de leur bourgmestre, après que les aventuriers aient libéré leurs femmes des griffes d’un nécromancien. Des quatre aventuriers originels, deux avaient été faits prisonniers par des éclaireurs orcs, Brutog l’ogre et Emelda la templière. Les orcs ayant su profiter de l’inconscience de leurs deux victimes pour les kidnapper. Ainsi, le maire avait désigné Ghetno et Sven, les maris des femmes secourues, comme volontaires afin qu’ils aident Dagnai et Jelsen, les deux aventuriers restants, à sauver leurs camarades.
Jelsen était un homme pragmatique, il aimait la logique et l’efficacité. Et toute cette affaire n’avait ni que ni tête à ses yeux. Pourquoi des orcs traînaient-ils en pleine nuit près d’un cimetière clairement hanté ? Comment eurent-ils l’idée d’attendre que le groupe soit mis à mal dans son combat face aux non-morts pour s’en approcher ? Pourquoi ont-ils pris la peine de kidnapper ses deux amis au lieu de bêtement les dépouiller ? Pour Emelda, il pouvait comprendre… Mais pas pour Brutog. Kidnapper un ogre inconscient devait être une sacrée corvée, surtout pour une troupe d’orcs bas de plafond.
Ce qu’il comprenait encore moins, c’était comment les belles jeunes femmes qu’ils avaient secourues pouvaient avoir pour époux les hommes avec qui il marchait actuellement… Entre Ghetno le paysan froussard qui refusait de lâcher sa bouteille de jaja et le jambon sec qu’il portait sur l’épaule et le bûcheron Sven qui, même s’il était fait d’une autre trempe et semblait tenir un rôle majeur au village en sécurisant la forêt environnante, se trimballait tout de même sous le bras une bûche de pin pour laquelle il semblait avoir une affection quelque peu particulière…
« Tu sembles préoccupé. » Les mots de Dagnai tirèrent Jelsen de ses pensées, qu’il préféra garder pour lui-même.
— Non, non… J’espère juste qu’on ne rencontrera pas trop de difficultés.
— En effet, on peut dire que notre troupe a perdu de sa superbe. Le maire m’a assuré que le paysan s’y connaissait en pièges, mais cela ne met pas pour autant en conf… »
Une goutte vint s’écraser sur joue, suivie d’une autre sur son front, alors même que la forêt entière se couvrait du doux concert des gouttes de pluie heurtant les feuillages. « Manquait plus que ça ! » maugréa le nain.
Sven fit signe à ses compagnons de se hâter dans sa direction afin de rejoindre un arbre tombé qui pourrait servir d’abri. Ils pressèrent le pas, sautant par-dessus racines et troncs pourrissant au sol, jusqu’à ce que Dagnai contourne une souche trop haute pour sa condition de nain et se prenne les pieds dans une liane tendue au sol. Le bruit caractéristique d’un piège déclenché et de projectiles lancés à vive allure tétanisa les quatre aventuriers qui n’osèrent bouger à nouveau qu’après plusieurs secondes. Aucun cri, aucune plainte. Jelsen n’aimait pas ça.
« Ghetno !?
— Ah non ! Moi j’ai rien à voir là-dedans.
— C’est bon, le coupa Dagnai. C’est moi qui l’ai déclenché, tout va bien.
— Tu es sûr ?
— Oui oui… J’ai de la chance d’être un nain ! Un peu plus grand et cette volée de fléchettes était pour moi.
— Non mais faut regarder où vous mettez les pieds un peu, mon gars ! Commença à vitupérer Ghetno.
— On sait maintenant que les orcs s’attendent à de la visite…
— Si on m’avait dit que j’partais en forêt avec des amateurs, jamais j’serais venu mon bon monsieur !
— Ghetno, le coupa Jelsen, vous voulez bien poser un piège par ici s’il vous plaît ? Histoire de piéger les piégeurs.
— J’veux bien, mais vu l’entrain que vous mettez à déclencher les pièges sur votre chemin, je doute que ce soit la meilleure idée de la journée, renchérit Ghetno en entamant la conception de son propre piège. »
Rejoignant le chasseur de vampire sous la pluie battante, Dagnai se renfrogna en constatant que Sven ne les attendait plus et avait d’ores et déjà pris place sous l’abri de fortune. Balayant les alentours du regard, il remarqua une tâche de couleur bleue derrière un rocher sur sa droite.et décida d’aller jeter un œil.
« Je reviens, informa-t-il Jelsen qui observait Ghetno à l’œuvre.
— Fais attention à toi… Dites donc Gethno, vous êtes sûr pour votre piège là !?
— Ah ben alors ça quand même ! Pour sûr que je suis sûr ! C’est un système qui a maintes fois fait ses preuves ! Après, il faut s’y connaître un peu en pièges pour en saisir la subtilité. Là, voyez, dit-il en montrant du doigt un petit bâtonnet de bois pris entre deux branches, c’est la clavette qui retient ce lierre tressé là, qui lui-même retient le nœud qui retient la branche. Et dès qu’un orc mettra le pied sur cette… »
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase, à peine son pied effleura la pierre qu’il désignait que ladite clavette vola dans les airs dans un claquement sec et qu’une branche basse de déplia brutalement, frappant Ghetno dans le dos pour l’envoyer rouler quelques mètres plus loin en direction de Sven. Au terme de quelques roulades, le paysan poussa un râle sonore, mêlant douleur et frustration.
« Aaaaaah ! Mes côtes !!!! C’est mes côtes !!! Aaaaaaah !!! »
Jelsen fulminant devant l’idiotie de la scène, s’avança à grands pas alors que le bûcheron prêtait main-forte à son ami. « Sven ! Par tous les dieux, faites-le taire, bon sang !!! Il va nous faire repérer ! »
Plus loin dans les bois un autre hurlement s’éleva, plus grave, animal. On entendit des branches craquer et le bruit de pas lourds étouffés dans le sol meuble et humide de la forêt.
« Trop tard… » souffla le nain en hâtant le pas vers l’objet bleu qu’il avait aperçu, à l’opposé de la scène.
Les aventuriers se jetèrent derrière les premiers abris disponibles, tronc ou pierres, scrutant la direction des bruits, la main de Sven plaquée sur la bouche d’un Ghetno à moitié sonné par la douleur.
Une masse d’un vert sombre apparut entre les troncs, le cuir épais, écailleux, une créature si grande que même voûtée elle peinait à garder la tête sous les branches basses. Caché derrière un vieux tronc tombé au sol, Jelsen sentit ses tripes se tordre en voyant la bête.
« Foutu gueux, murmura-t-il pour lui-même, il nous a réveillé un troll, cet idiot. »
Toute fuite rendue impossible avec un Ghetno invalide, le chasseur de vampire épaula son arquebuse en cherchant un appui solide sur le tronc pour prendre sa visée, et attendit. Il fit feu sitôt que la bête repassa la tête au-dessus des branches, évitant qu’elle puisse voir le nuage de fumée à l’origine du coup de feu. Le tir, sonore comme un coup de tonnerre, fit mouche et la bête recula de quelques pas sous la force de l’impact, avant de pousser un rugissement à glacer le sang.
Ayant eu le temps de fouiller sa trouvaille, qui s’est avérée être une simple paire de pinces, Dagnai rejoignit Jelsen en se jetant derrière le même tronc pourri que lui, ne se privant pas d’une petite pique :
« Tu as raté la tête…
— Je visais le poumon. Avec un peu de chance ça lui fera assez mal pour qu’il décide de partir se régénérer… Espérons juste qu’il ne nous trouve pas d’ici là et que les autres saurons également rester cach… Bonté divine ! »
Dagnai jeta un œil par-dessus le tronc pour voir ce qui laissait Jelsen bouche bée. Sven était sorti à découvert, à bonne distance du troll, mais face à lui, sa hache dans une main, sa bûche dans l’autre. Lorsqu’il le vit, le troll lui adressa un rugissement et le chargea derechef. Le bucheron tendit alors ses muscles et, dans un grognement de rage, jeta sa bûche au visage du monstre. Celle-ci le heurta en pleine face, assez fort pour le sonner et l’arrêter dans sa course. Dagnai profita de l’immobilité de la bête pour utiliser son arbalète et envoyer un de ses carreaux directement dans son œil gauche, le terrassant pour de bon.
« Ne traînons pas ! Ordonna le nain en sortant de son couvert. Nous sommes des proies ici, et cela ne me plait guère.
— On est ‘ben d’accow ! Siffla Jelsen, le bouchon de sa poudrière coincé entre les dents. Laichez-moi yuste pwofiter de chette eclaiwcie pouw ‘echawger, parvint-il à articuler tout en s’affairant sur son arquebuse. »
De son côté, Ghetno, témoin de la bataille, s’était remis des effets relatifs de son piège à force de massages sur ses côtes douloureuses. Alors qu’il se redressait sur ses pieds, il entendit un petit couinement aiguë tout près de lui et, en cherchant l’origine, pose le regard sur un rat de taille conséquente, caché parmi les racines d’une souche déracinée toute proche. Il n’en tint pas cas et ramassa sa bouteille et son jambon sec pour rejoindre ses compagnons. C’est le moment que choisit le rat pour l’attaquer, se jetant sur son dos et s’agrippant à sa chemise de toutes ses griffes. Ghetno beugla de surprise autant que de rage, passant les mains dans son dos pour agripper l’animal.
« Bon dieu d’là ! Mais laisse moi donc, saleté !!! »
Sa main se referma enfin sur le rongeur, qu’il arracha au tissu pour le jeter violemment au sol et le piétiner frénétiquement jusqu’à s’assurer du trépas de l’animal. Il ramassa ensuite le petit corps par le bout de la queue et l’inspecta puis, l’ayant gratifié d’un hochement de tête approbateur, il l’accrocha à sa ceinture. Ce n’est qu’après qu’il prit conscience des regards éberlués de ses compagnons braqués sur lui.
« Bah, quoi !? Z’avez vu la taille du rat !? Il ne sera pas dit que le Ghetno est homme à laisser de la viande se perdre. »
Un autre rat, du même gabarit, se laissa tomber d’une branche pour atterrir aux pieds de Dagnai et commencer à grimper le long de sa jambe. Le nain le saisit prestement et le jeta contre un tronc, l’achevant d’un coup de hache. Alors que Sven récupérait sa bûche et que Ghetno ramassait précautionneusement le cadavre de rat laissé par Dagnai, un long hurlement se fit entendre au cœur de la forêt, à l’arrière du groupe.
« Des loups ! Avertit Sven. Ils sont sur nos traces, ils arrivent !
— Allez on avance, direction la clairière, ne perdons pas de temps.
— Allez-y, je couvre l’arrière ! Ordonna Dagnai alors que trois loups sortaient des fourrés derrière eux. »
Le premier, le plus gros, se jeta immédiatement sur le nain, qui lui fit bon accueil d’un violent coup de hache, lui ouvrant le crâne. Alors que le héros reculait pour éviter d’être trop distancé par ses compagnons, sans pour autant offrir son dos aux prédateurs, un second loup se jeta sur lui et fut également gratifié d’une mort brutale au contact du fer de la hache naine. Le nain pointa sa hache vers le dernier loup dans un geste de défi :
« T’as compris !? Si t’en veux, y’en a !!! » lui hurla-t-il avant de tourner les talons pour rejoindre ses compagnons, assuré d’avoir calmé les velléités de la bête.
Il retrouva les autres aventuriers un peu plus loin, au détour d’un roncier, en train de reprendre leurs souffles, Sven soignant une morsure de serpent toute fraîche et Ghetno affairé à la conception d’un nouveau piège :
« Vu qu’on a besoin de temps, voilà de quoi en gagner. »
Quelque-chose bougea dans le roncier à côté d’eux et cinq araignées apparurent. La première, particulièrement grosse, se montra agressive en se dressant sur ses pattes arrières pour impressionner les aventuriers, ce qui produisit son petit effet et les poussa à sortir de la protection qu’ils pensaient avoir trouvé.
Le loup rescapé en profita pour attaquer Dagnai qui, resté sur le qui-vive, l’attendait de pied ferme et lui réserva le même sort qu’aux précédents. Le cri de triomphe qu’il préparait resta dans sa gorge lorsqu’il vit d’autres loups tapis dans les ombres. Un nouveau rat, sorti de nulle part, attaque Ghetno en se laissant tomber d’une branche, mais atterrit par malchance sur le mécanisme du piège qui s’activa aussitôt et lui offrit un trépas désagréable. Ce qui n’empêcha pas le paysan de récupérer là encore le corps du rongeur.
Conscient que l’orée de la clairière était toute proche, Sven hâta le pas et invita ses compagnons à en faire de même pour passer en terrain découvert et s’offrir la possibilité de voir les menaces arriver. Jelsen lui emboîta le pas alors que Ghetno se vit pris à partie par la grosse araignée qu’il parvint à tuer de deux bons coups de jambon sec… avant de se faire attaquer par les autres. Dans un mouvement de fuite, il parvint à en tuer une autre mais trébucha et, chanceux, se rattrapa, reprit ses appuis, et tua les deux dernières araignées à coups de jambon et de piétinements. Mais d’autres araignées surgirent encore et le paysan en élimina une de plus avant de décider de leur fausser compagnie pour de bon.
Pendant ce temps, Jelsen et Sven atteignaient la clairière et eurent la stupeur d’y découvrir un camp de fortune orc aux prises avec un ours énorme venu les attaquer. La vue assez dégagée pour leur permettre de voir les héros retenus en otage être déplacés manu militari par deux orcs.
L’un des orcs, bien plus massif que ses congénères, sans doute leur chef, donnait maille à partir à l’ours, lui rendant coup pour coup. Jelsen prit l’initiative de faire pencher la balance du destin et, prenant sa visée appuyé sur une branche basse, effectua l’un de ses plus beaux tirs, faisant éclater le crâne du chef orc à distance respectable.
Resté en arrière, Dagnai fut pris à partie par une nouvelle araignée dont il se débarrassa sans mal et décida de rejoindre ses compagnons en entendant le coup de feu. Sur son chemin il rejoignit Ghetno qui posait un nouveau piège le temps de reprendre son souffle. « J’espère que vous allez pas me le casser celui-là ! »
Le nain ne releva pas la mauvaise foi du paysan mais resta néanmoins en sa compagnie, conscient que d’autres loups rôdaient non loin.
Ayant discrètement faussé compagnie aux chasseurs de vampires, Sven longeait prestement l’orée du bois, contournant la clairière vers une destination que lui seul connaissait. Il ne leva le pas qu’à l’approche d’un bosquet de lauriers dont l’odeur couvrait même celle du sous-bois et se fraya un passage parmi les branches jusqu’à atteindre une grande et fine stèle de granit, parcourue d’inscriptions qui luisaient doucement d’un bleu pâle. Le bûcheron se mit silencieusement à genoux, et commença à se recueillir devant le monument.
La préparation du piège terminé, Ghetno et Dagnai se dirigèrent de bon train vers Jelsen, le paysan tuant une araignée qui l’avait pris en chasse. A peine eurent-ils rejoint le chasseur de vampires qu’un glapissement de douleur se fit entendre loin en arrière, le piège ayant été déclenché par un loup. Ghetno prit l’initiative de préparer d’autres pièges un peu en retrait pour sécuriser la zone où les deux tireurs s’étaient réfugiés.
« Alors ? Demanda Jelsen en rechargeant frénétiquement son arme.
— On a des loups au cul. Les pièges du cul-terreux sont efficaces quand il ne tombe pas dedans… Et ici ?
— Emelda et Brutog sont dans ce camp, un truc s’y prépare, je ne sais pas si c’est leur exécution ou leur transfert. Un ours a attaqué les orcs, il nous fait gagner du temps, mais on doit se dépêcher.
— Où est le bûcheron ?
— Aucune idée… Tu t’occupes de l’archer à droite ? »
Le nain épaula son arbalète, visa délicatement et tira un carreau qui vint se planter au sol à deux mètres d’un archer orc caché derrière une hutte primitive.
« Trop loin, j’aurais dû m’en douter… Maugréa le nain en rechargeant son arme.
— On va devoir aller s’y frotter de toute façon. Bordel mais où est Sven !? »
Un sifflement se fit entendre dans les airs, le genre de sifflement qui fait baisser les têtes des vétérans par réflexe. Dagnai et Jelsen se jetèrent au sol pour éviter le projectile, quel qu’il soit. Le bruit sec d’une flèche se plantant dans un tronc et le bruit de vibration qui l’accompagne vinrent conclure le sifflement. Le chasseur de vampire releva les yeux pour voir une flèche orc fichée dans le tronc derrière lequel il s’abritait. Débarrassés de l’ours qui les avait attaqués, les peaux-vertes semblaient décidés d’en faire de même avec les nouveaux intrus.
« Je crois qu’on est repérés ! »
Du mouvement attira leur regard sur la droite de la clairière et la stupeur les prit en apercevant Sven courir droit vers le campement orc en grognant, s’arrêter à quelques mètres, empoigner fermement sa bûche, et la lancer avec le même râle de rage que contre le troll. La bûche vola sur plusieurs mètres, inexorable, et frappa l’archer orc sur le côté du crâne, le jetant au sol, raide mort.
Loin derrière eux, ils entendirent un nouveau glapissement d’un loup tombé dans un piège, et virent le regard paniqué de Ghetno qui avançait vers eux en posant des pièges de plus en plus sommaires.
Jelsen planta ses yeux dans ceux du nain.
« Là, faut y aller !
— On y va ! »
Alors que loin derrière eux, deux autres loups tombaient dans des pièges improvisés, les deux aventuriers sortirent de la forêt et se ruèrent à l’assaut du campement orc, laissant Ghetno le paysan couvrir leurs arrières.
Le nain, rapidement distancé par son camarade humain aux longues enjambées, fut soudain pris d’une étrange impression de légèreté et eu la surprise de se sentir élevé dans les airs et projeté en avant. Il vit Sven sur sa droite, les bras tendus vers lui, une étrange lueur bleue pâle scintillant autour de ses mains. Il refusa de se poser des questions sur l’origine de ce tour de magie, et se contenta d’en profiter et de se laisser porter au plus près des orcs. Lorsqu’il se sentit perdre de l’altitude sans pour autant être à portée de mêlée, il saisit fermement son arbalète et se prépara à l’atterrissage. Sitôt le sol touché, il effectua une roulade qu’il termina un genou à terre, l’arbalète épaulée. A cette distance, son tir ne pouvait pas rater et le carreau ôta la vie à un orc qui se ruait sur lui. Pendant ce temps, Jelsen avait atteint le campement et, surpris par le peu de résistance que celui-ci offrait encore, se rua au soutien d’un Sven croisant déjà le fer avec les deux derniers orcs présents et l’aida à les éliminer.
Alors que Dagnai commençait à défaire les liens de ses amis prisonniers, des cris se firent entendre dans la forêt et Ghetno fit irruption dans la clairière, luttant contre un nouveau rat qu’il ne parvint à attraper et occire qu’après plusieurs volées de jurons.
Sven, jetant un œil dans les huttes sommaires des orcs, en extirpa un coffre renforcé dont il entreprit d’inspecter la serrure. Jelsen, peu enclin à résister à l’appât du gain, vint l’en écarter d’un violent coup d’épaule et fit sauter le mécanisme d’un coup de crosse. Ses yeux s’illuminèrent à l’ouverture du coffre qui renfermait différentes armes et pièces d’armures, mais la surprise lui fut vite gâchée lorsqu’il reconnut les équipements de ses deux compagnons fraîchement libérés. Il ne se priva pas pour autant d’y subtiliser une bourse en cuir remplie de pièces d’argent.
« Ghetno !? appela Jelsen, Vous vous souvenez où vous avez installé vos pièges ?
— Bah oui, plutôt, pourquoi ?
— Je ne voudrais pas que vous tombiez dedans sur le retour. »
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